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Géraniums vivaces créés à Chaumont-Gistoux

Les primevères créées à la roseraie environnementale

Géraniums vivaces créés
à Chaumont-Gistoux

La roseraie et les géraniums
'Philippe Vapelle'
Les géraniums de Chaumont-Gistoux dans le monde
'Terre Franche' et 'Jean Lebeau'
'Kashmir Blue'
'Little Boy'
Les autres semis de Geranium pheum
Les semis de géraniums sanguins
Géraniums indigènes spontanés ou introduits dans la roseraie
Le vrai Geranium endressii


La roseraie et les géraniums

Dans un jardin soucieux de préservation de l'environnement, les géraniums rustiques, hardy geraniums en anglais (à ne pas confondre avec les géraniums des balcons qui sont en fait tous des Pelargoniums) offrent certains avantages : résistance aux limaces, assez bonne résistance aux attaques des rongeurs souterrains (campagnols), en général bonne résistance aux maladies (parfois un peu d'oïdium ou certaines maladies spécifiques pour certains, mais rarement mortelles), frugalité (pas besoin d'engrais y compris en sols pauvres), adaptations diverses suivant les espèces ou variétés (ombre, sécheresse une fois installés pour G. macrorrhizum, ou au contraire humidité pour G. phaeum, bonne croissance en concurrence avec les graminées pour G. pratense, ...).
Il ne faut toutefois pas oublier que la plupart des espèces sont des plantes exotiques qui en l'absence de leurs prédateurs naturels peuvent devenir envahissantes. La spécificité des géraniums à envoyer leurs graines à grande distance (jusqu'à plus de 10 m) au moyen d'une sorte de ressort lors de la dessication du fruit ajoute à ce caractère.
Un autre problème inattendu s'est présenté dans notre roseraie : la variété 'Claridge Druce' du Geranium x oxonianum et ses descendantes, très fortes plantes au feuillage ample, velouté et parfumé semble s'être révélée toxique pour les rosiers dont elle envahissait le pied et qu'elle finissait par tuer. À bon entendeur donc !


'Philippe Vapelle'

Le géranium 'Philippe Vapelle' fut le premier d'entre eux (il date du tout début des années 1980) ; son nom est lié à un souvenir de famille. Bien avant de m'intéresser aux roses, et avant d'entrer au service de la commune de Chaumont-Gistoux, je cultivais depuis la fin de mes études en 1978 un petit jardin où je réunissais des plantes trouvées dans mon environnement ou ailleurs et que je trouvais belles ou intéressantes. Parmi celles-ci, un vieux géranium vivace "indestructible" (en fait Geranium x magnificum), duquel j'avais prélevé des fragments de rhizome sur le perret où il poussait derrière la maison de mes parents. Cette plante était sans doute l'une des premières à m'avoir marqué dans mon enfance par l'abondance de sa floraison violet clair, et peut-être plus encore par le parfum et la douceur veloutée de son feuillage, choses auxquelles étant enfant j'étais très sensible. Cette plante était elle-même un souvenir d'enfance de ma mère ; son père Philippe Vapelle décédé alors qu'elle n'avait que quatre ans l'avait ramenée dans la famille depuis Gembloux où il suivait des cours du soir d'horticulture.
Au cours de mes études supérieures artistiques je m'étais intéressé à différentes techniques et processus créatifs qui pouvaient donner des résultats en partie imprévisibles ; l'idée m'est donc venue naturellement de créer à partir du végétal, le processus génétique avec ses aléas me semblant prometteur. J'avais au départ sous la main quelques géraniums (G. endressii, G. sylvaticum, ...et le G. x magnificum), mais le seul qui ne voulait pas se semer et semblait ne pas produire non plus de pollen était mon préféré, celui de mon grand père ! Par ailleurs je pressentais déjà à cette époque qu'avec leur solidité et leur facilité de culture les géraniums possédaient un énorme potentiel en horticulture, ce qui s'est confirmé depuis de manière éclatante. Suite à la parution en 1985 du livre de Peter Yeo "Hardy Geraniums", j'ai enfin identifié le G. x magnificum et élucidé le mystère de sa stérilité due à sa nature d'hybride entre G. ibericum et G. platypetalum (Tous deux originaires du Caucase, mais le premier adapté à des conditions sèches et le second à des conditions plus ombragées et éventuellement fraîches). Sur ces entrefaites j'avais pu me procurer G. platypetalum (je ne sais plus du tout où) et aussi G. renardii, une espèce proche originaire de la même région mais préférant la rocaille, ...mais pas encore le G. ibericum (que je recevrai seulement à Peter Yeo lors d'une visite au Jardin botanique de Cambridge après 1985). Je n'avais qu'une seule plante de G. platypetalum et deux de G. renardii, et donc pour mes premières tentatives de fécondations artificielles (qui se déroulaient au grand air) il m'était plus facile de prendre G. platypetalum comme plante mère pour les graines ; j'aurais moins de fleurs à émasculer et surveiller de près, et par contre beaucoup de pollen à ma disposition. Je ne savais pas encore à l'époque que je faisais le bon choix, car la fécondation semble marcher moins bien en sens inverse (souvent chez les géraniums les fécondations marchent mieux d'une espèce donnée vers une autre qu'inversément). Mais surtout j'ignorais que les plantes que j'allais obtenir seraient fertiles à leur tour !!!


 

'Terre Franche' et 'Jean Lebeau'

Au début des années 1990 j'ai tenté une série d'hybridations avec les mêmes parents et en y mêlant d'autres espèces mais sans grands succès. Mon travail à la roseraie me prenait déjà trop à ce moment pour me permettre un suivi adéquat. Néanmoins, de jolies choses sont venues récompenser mes efforts grâce à une forme de Geranium platypetalum morphologiquement différente reçue à mon ami Jan Balis qui en avait reçu des graines d'une expédition dans le Caucase. Les fleurs en étaient bien plus grandes, d'un beau violet plus foncé et un peu inclinées la tête vers le bas comme celles du Geranium sombre de nos contrées (Geranium phaeum), et de plus la plante était bien plus vigoureuse avec un feuillage d'un beau vert franc, ample et bien velouté. L'une de ces obtentions, 'Terre Franche' a été distribuée dans les pépinières assez rapidement. Il s'agit d'un semis de 'Philippe Vapelle' fécondé par la forme de Jan Balis. Il forme une touffe qui ne drageonne pas, comme 'Philippe Vapelle' (héritage de G. renardii), mais contrairement à ce dernier il est bien adapté à des conditions de sol de jardin plus ordinaires et beaucoup plus vigoureux et florifère. Ses fleurs sont aussi plus grandes et leurs pétales se recouvrent par les bords. Son nom rappelle l'ancien statut juridico-politique de notre commune de Chaumont-Gistoux, qui durant neuf siècles fut une enclave de la Principauté de Liège au coeur du Duché de Brabant.
Il y a quelques années je me suis décidé à distribuer aussi 'Jean Lebeau'. C'est une plante que demande plus de temps pour s'installer, mais par la suite elle se met à drageonner (comme G. platypetalum). Ses fleurs sont un peu plus petites et aux pétales plus étroits mais de couleur foncée, et surtout elles sont beaucoup plus nombreuses par tige, celles-ci s'inclinant élégamment comme celles de la forme de Jan Balis. Le tout forme des touffes étalées et un excellent couvre-sol. Je lui ai donné le nom d'un ami grand collectionneur de Geraniums malheureusement décédé depuis, qui m'avait offert les premières espèces intéressantes.


'Kashmir Blue'

Cette variété haute à très grandes fleurs bleu pâle est paradoxalement issue de deux parents à fleurs blanches. La plante qui m'a fourni la graine est le géranium des prés (Geranium pratense), une plante présente en Belgique dans le sud et l'est du pays, normalement bleu, mais ici dans sa variété à fleurs blanches. Elle a été fécondée par le pollen du Geranium clarkei 'Kashmir White', une plante plus basse et plus gracile de l'Ouest de l'Himalaya aux grandes fleurs blanches veinées de gris lilacé. L'une des jolies caractéristiques de 'Kashmir Blue' est la couleur rouge de ses bractées, héritée de 'Kashmir White', comme la découpe étroite des lobes de son feuillage.
Malheureusement dans les pépinières une autre variété, 'Kashmir Purple' est souvent diffusée sous le nom de 'Kashmir Blue'.
'Kashmir Blue' a été nommé par Herman van Beuzekom, de la pépinière hollandaise maintenant disparue De Bloemenhoek. Cette pépinière fut la première à distribuer mes Geraniums et elle les introduisit en Angleterre d'où elles se répandirent partout dans le monde !




'Little Boy'

Ce semis de hasard apparu spontanément dans mon ancien jardin privé est une forme naine dans toutes ses parties du Geranium phaeum et dont la couleur des fleurs se rapproche de la pourpre antique, c'est à dire un violet rougeâtre teinté de gris, couleur plus pâle que le Geranium phaeum sauvage.
C'est une variété rarement trouvé en pépinière.
Il a été nommé et diffusé en premier lieu par Jean-Rémi Boterdael, un ami horticulteur maintenant émigré dans le sud-ouest de la France.


Les autres semis de Geranium pheum

Au tout début de la roseraie j'avais aménagé une petite pépinière à l'emplacement actuel de l'école primaire voisine. Le type de sol alluvial humifère s'y prêtant j'y replantais régulièrement tout ce que je pouvais trouver comme semis de Geranium phaeum (aux fleurs naturellement brun foncé), de sa forme albinos, de sa variété lividum de couleur lilas (que j'avais ramenée des bois de Lus-la-Croix-Haute, dans le Dauphiné) ou de Geranium x monacense (un hybride entre le G. phaeum et le G. reflexum, des Appennins). J'y ai même planté le G. reflexum lui-même (aux petites fleurs rose lilacé aux pétales étroits et fortement inclinés en arrière), mais les conditions ne semblent pas lui avoir plu car il n'a pu résister plus d'une saison avant que son épais rhizome à la forme de racine de gingembre ne brunisse (tout en restant dur) et ne meure. Il se peut qu'il n'aie jamais eu l'occasion de féconder ses voisins. Ces différentes espèces proches de G. Phaeum appartiennent à une même subdivision du genre Geranium nommée sous-genre Erodioideae Toutefois la variabilité de ces semis était tellement grande que j'ai cru avoir affaire à des croisements avec des espèces plus éloignées botaniquement, en particulier à cause de la présence d'échancrures sur les cotylédons. En effet, Geranium albanum, une très jolie espèce provenant d'autour de la mer Adriatique se ressemait spontanément dans mon jardin comme la plupart des autres, et ses plantules avaient leurs cotylédons profondément et symétriquement incisés par deux échancrures. Des essais de croisements dans les deux sens avec celui-ci ne donnèrent toutefois aucun résultat ; Le groupe de Geranium phaeum pouvait donc lui aussi avoir naturellement les cotylédons échancrés mais moins profondément et pas toujours symétriquement ni avec un nombre régulier d'échancrures (ceci illustre l'intérêt de reconnaître les plantes dès leur germination, et chez les Geraniums il est même possible de discerner les espèces avec un peu d'habitude).
Une bonne partie des semis de G. phaeum a été plantée dans un parterre circulaire sous les arbres à l'entrée des parkings de la maison communale de Chaumont-Gistoux. Elle s'y est abondamment ressemée et est actuellement florissante après une période plus discrète (voir ici).


Les semis de géraniums sanguins

Jusqu'à présent aucun de mes semis de Geranium sanguineum n'a été diffusé. J'en ai cependant gardé quelques plantes curieuses. Ma première surprise fut le résultat d'un croisement entre deux semis, l'un à fleurs blanches et l'autre à fleurs magenta clair, ayant tous deux tendance à produire des pétales surnuméraires (6 à 8). Plutôt que de me donner des fleurs doubles comme espéré, certains des descendants portaient deux fleurs par cymule, ce qui est normal pour les Geraniums, au lieu d'une comme c'est généralement le cas chez G. sanguineum qui lui fait exception à la règle. Suite aux vicissitudes du transfert de mes collections de mon jardin privé à la future roseraie communale, j'ai perdu les parents, mais j'ai pu garder l'unde des formes à deux fleurs de couleur magenta vif, mais ne l'ai pas diffusée en raison d'une tendance à l'oïdium après la première floraison.
Quelques années plus tard, apparut dans la cour de la maison communale un semis à nouveau à deux fleurs (grandes) que je crus être d'abord une simple variété nouvelle de G. sanguineum, mais qui, au vu de la forme, de la taille et du parfum de son feuillage semble plutôt se révéler un hybride avec Geranium endressii, un endémique des Pyrénées françaises très rarement pur dans les jardins où l'on trouve plutôt sous son nom l'une des multiples formes de l'hybride G. x oxonianum (G. endressii croisé avec le G. versicolor, d'Italie). Je cultivais à l'époque dans la même cour le vrai G. endressii reçu d'un ami botaniste qui l'avait ramené des Pyrénées. Le semis en question ressemble à la variété 'Glenluce' de G. sanguineum, mais ses fleurs ont une couleur roses un peu plus soutenue. La plante forte forme facilement des tapis.


Géraniums indigènes spontanés ou introduits
dans la roseraie

Comme milieu naturel, les parterres de la roseraie accueillaient au départ le géranium herbe à Robert (G. robertianum) et le géranium découpé (G. dissectum). Le géranium pied de pigeon (G. colombinum) en voie de disparition dans la commune y a été réintroduit et y prospère. En 2003 le géranium mollet (G. molle) a été réintroduit par endroits en provenance de l'environnement immédiat, et est réapparu par ailleurs. Le géranium fluet (G. pusillum) sera réintroduit sans doute cette saison 2004 depuis l'environnement immédiat également, et s'il s'en trouve encore dans la commune, la forme lilas rosé ordinaire du géranium des Pyrénées (G. pyrenaicum, vivace contrairement aux espèces précédentes de ce paragraphe qui peuvent se montrer annuelles ou bisannuelles) sera introduite également.
Non indigène dans la commune mais bien présent en Belgique, le géranium luisant (G. lucidum) se répand tout doucement dans les parterres à l'ombre des autres plantes. De temps en temps réapparaît dans une zone particulière le géranium de Bohème (G. bohemicum) fruits noirs et glanduleux. Ces deux espèces sont annuelles à bisannuelles également. La forme blanc lilacé du G. pyrenaicum par contre se rencontre souvent et nécessite d'être surveillée.


Chargez un moteur de recherche tel que "Google", par exemple, et entrez-y le nom " Philippe Vapelle ". Une multitude d'adresses de pages web de jardins ou de pépinières s'affichent. Cette variété de Geranium obtenue à Chaumont-Gistoux bien avant la création de la roseraie est, à l'instar de quelques autres largement répandue dans le monde ...
Les deux liens qui suivent vous permettront de vous familiariser avec les "vrais" Geraniums : Les Geraniums vivaces de Dominique Evrard, Hardy Geraniums.

Le vrai G. endressii est bas, rarement plus de 20 cm de haut et ne forme pas des touffes arrondies comme G. x oxonianum mais plutôt des tapis ; les pétales de ses fleurs sont d'un beau rose clair et vif, mat ou satiné mais non nacré et ne se recouvrent pas par leurs bords ; il perd toutes ses feuilles en hiver contrairement à G. versicolor et ses descendants. L'explication des hybrides plus nombreux que les parents tient sans doute au fait que G. versicolor, répandu dans la nature en Italie a été ramené très tôt dans nos jardins, on peut le voir dans une peinture du peintre anversois Nicolaes van Veerendael (1640-1691) au Musée d'Art ancien, rue Royale à Bruxelles.

n.b.: Le but de cette page n'est pas de présenter de manière exhaustive la petite collection de géraniums cultivée à la roseraie environnementale. Elle sera complétée en cours de saison par la liste de ceux-ci et des photos.


ivan louette, mis en ligne le 24 février 2004

 


© ivan louette et Commune de Chaumont-Gistoux, 2005.
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