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Roseraie communale et développement durable
Le compost à domicile
Roseraie communale et développement durable 2003
C'est l'été, la roseraie est enceinte...!
Silence, on jardine!
Mois vert que moi, tu meurs!
Jaune est la vie, jaune est la mort

Roseraie communale et
développement durable
2003

Cinq années se sont écoulées depuis la publication papier des premiers textes de réflexion sur les pratiques de la roseraie, qui ont été repris sur ce site sous le titre de "Roseraie communale et développement durable". Depuis lors, des questions fondamentales d'environnement global, telles que le non aboutissement du Protocole de Kyoto ont fait ressortir la question de manière particulièrement dramatique. Que pouvons-nous donc faire à l'échelle locale ou à titre individuel pour soulager notre planète de quelques milligrammes de pollution, ...en nous disant que peut-être l' effet "boule de neige" de l'exemple pourait raffraîchir quelquepeu l'atmosphère oppressante d'un début de siècle vraiment peu glorieux.
Des initiatives telles que celle de la Région wallonne d'encourager ses communes à souscrire au label européen de gestion environnementale EMAS apportent une lueur d'espoir.
La roseraie communale veut d'ores et déjà s'inscrire dans ce genre de démarche et elle a commencé a réexaminer toutes ses pratiques en conséquence.

Vous entrez ici dans le jardin de la diversité et de la tolérance
C'est quoi, une mégaphorbiaie ?
Les géraniums vivaces
Trop de géranium nuit gravement à la santé des rosiers !
Ceci n'est pas une ortie
Allions nous les orties !
Ceci n'est pas un compost ?
Transgressons nos limites : cultivons nos clôtures !
Des fleurs en plastique, c'est moins polluant !

Vous entrez ici dans le jardin de la diversité et de la tolérance

Ici on n'a pas fini de rechercher l'équilibre et c'est cà qui est passionnant ; équilibre entre l'homme et la nature, entre le cultivé et le sauvage, l'indigène et l'exotique. Une chose est certaine, c'est que si on devait caractériser l'équilibre par un point, on ne pourrait jamais l'atteindre. L'équilibre, il ressemble plutôt à un banc de sable au contour mouvant dans le fleuve de l'évolution de ce jardin.
À l'expérience, il est beaucoup plus gratifiant de vivre la dynamique d'une sélection permanente des herbes spontanées que l'on garde ou que l'on élimine, que de s'asseoir sur le petit siège pliant de ses certitudes et de "tirer" en fonction de préjugés sur tout ce qui pousse (ou sur tout ce qui bouge) de non planté. En début d'été on se sent parfois dépassé, mais on a le parfum des roses pour se rassurer. Ses effets "sédatifs" nous permettront de faire la part des choses.
Grâce à cette attitude ouverte il peut apparaitre des plantes intéressantes, ou bien des idées d'aménagements peuvent germer qui seront beaucoup plus en harmonie avec les lieux. Il faut laisser ceux-ci s'exprimer parfois pendant des années avant d'être en phase avec eux. Qu'il ait été conçu "clé sur porte" ou non, un jardin devra toujours évoluer.


C'est quoi, une mégaphorbiaie ?

En fait, c'est le prototype naturel et l'idéal philosophique des "mixed borders" de grandes vivaces tels que peuvent en raffoler les anglais. Dans la nature on trouve ce type de groupement de plantes souvent dans des sols profonds ou simplement frais à humide.
Chez nous, les zones humides accueillent par exemple des "champs" mélangés de reines des prés, de laiches, de cirses maraichers ; en montagne, les géraniums peuvent en faire partie et leur apporter de la couleur. Ce sont en général des groupements d'un nombre limité d'espèces qui non seulement donnent un aspect esthétique particulier à l'ensemble mais de plus sont révélateurs des conditions locales.

La "mini-mégaphorbiaie" à Geranium phaeum croissant dans ce cercle de pavés s'est formée spontanément. Son histoire est amusante et elle aussi tributaire des conditions locales, bien que celles-ci aient été partiellement façonnées par l'homme.

- 1 : Il y a douze ans, de nombreux épimèdes et quelques formes de Geranium phaeum sont plantés dans cet espace dépendant de la roseraie. Deux gros arbres supplémentaires créent de l'ombre, assèchent le sol et défavorisent la plantation d'autres choses.Les épimèdes apportent des colorations de feuillages toute l'année, et les géraniums fleurissent une partie de la saison. D'autre plantes sont testées (campanule gantelée, sanicle, pulmonaires, ...) avec des résultats divers. Dès cette époque il réapparaît sur place des plantes indigènes intéressantes : linaire vulgaire, compagnon rouge, ...même quelques pieds d'une orchidée (Epipactis helleborine).

- 2 : L'avant de la roseraie est arraché suite à l'aménagement des parkings et l'espace est confié à d'autres responsables. Ils y plantent en exclusivité un millepertuis à grandes fleurs, du pachysandre et de la petite pervenche. Les choses se développent faiblement, le pachysandre qui meurt presque totalement, ...le millepertuis est malade de rouille. Les indigènes et les épimèdes mal arrachés repercent par manque d'entretien, ...et les Geraniums repointent le bout du nez via leurs graines. Une forte dose d'engrais bleu est répandue, pour dynamiser le millepertuis, un reste de pachysandre et la pervenche ; ...ils seront "dynamités" par la croissance explosive des semis du Geranium phaeum sous l'effet de l'engrais.

- 3 : Récemment, l'entretien de cet espace est confié au service environnement, duquel dépend la roseraie. Le choix est fait de mettre à profit l'orientation qu'a prise la végétation et de tester de nouveaux géraniums pour apporter un peu plus de couleurs dans cet endroit urbanisé. Entretemps deux des trois arbres ont été abattus.


 

Les géraniums vivaces

Bien que de la même famille que les "géraniums" des balcons (qui sont en fait tous des pélargoniums), les géraniums vivaces restent pour la plupart au jardin l'hiver dans nos contrées. Ce sont des plantes originaires des régions tempérées contrairement aux pélargoniums qui viennent de zones méditerranéennes à tropicales.
Les géraniums vivaces sont en général peu exigeants sur la qualité du sol, mais par contre suivant les espèces ils peuvent être adaptés à des conditions différentes en ce qui concerne la lumière et l'humidité. L'une de leurs particularités intéressantes est de ne pas attirer les limaces, ce qui les rend utiles dans un jardin respectueux de l'environnement.
Avant d'entamer l'obtention de nouvelles roses, différents géraniums vivaces avaient déjà été créés par hybridation à Chaumont-Gistoux. 'Philippe Vapelle' (le premier), 'Kashmir Blue', 'Little Boy', 'Ivan' (nom donné par un ami pépiniériste hollandais), 'Terre Franche' voyagent depuis longtemps de par le monde (allez sur Internet et tapez le mot geranium suivi de ces noms dans Google sans les guillemets, vous serez surpris) et certains d'entre eux sont disponibles dans des pépinières belges.


Trop de géranium nuit gravement à la santé des rosiers

On ne sait pas encore pourquoi, mais dans les jardins où il est présent, le géranium 'Claridge Druce' va jusqu'à tuer les rosiers dont il colonise le pied. Ici, le grand églantier à fruits qui le surplombe, ainsi que Rosa multiflora var. platyphylla en ont fait les frais. Est-il toxique pour le rosier par les substances qu'il contient? Favorise-t-il le maintien en place des spores responsable des maladies du rosier? Toujours est-il qu'il se propage rapidement par ses semis comme les autres géraniums, et comme pour la plupart d'entre nous il est moins "dérangeant" à la vue qu'une ortie, on a tendance à le laisser trop faire! Parmi les géraniums vivaces il semble qu'il soit le seul à être aussi néfaste pour le rosier.


Ceci n'est pas une ortie

Si à distance elle peut en avoir l'apparence, il s'agit en fait de la campanule gantelée ou "gant de Notre-Dame" (campanula trachelium). Deux ou trois pieds de cette espèce sauvage de nos sous-bois frais avaient été plantés dans cet espace il y a une quinzaine d'années.
Cette petite population a littéralement explosé ces dernières années et on en trouve actuellement plusieurs centaines d'individus ici.
Néanmoins, une certaine variation est apparue : teintes différentes dans les fleurs (bleu plus clair et blanc), feuillages peu homogènes dans leur forme et leur coloration, etc. Il s'agit soit d'une conséquence de la consanguinité due à l'absence d'échanges de pollen entre ces plantes trop peu nombreuses à leur introduction et les populations naturelles situées à plusieurs kilomètres, soit du résultat d'une sélection naturelle qui s'est opérée à cause d'un milieu différent.
On oublie bien souvent que ces éléments ont joué un rôle très important dans l'apparition de nouvelles plantes agricoles et horticoles, ...mais que parallèlement à cette instabilité ils ont introduit souvent une plus grande fragilité.


 

Allions nous les orties !

Les orties coupées ou arrachées avant de former leurs graines forment une bonne couverture du sol à même de "fouetter le sang" de vos rosiers remontants (les autres ne nécessitent pas ce genre d'attention pourvu qu'ils aient de l'eau en profondeur en été).
Point n'est besoin d'aller les chercher bien loin puisqu'elles sont présentes en de nombreux endroits au pied des grands rosiers arbustes et des grimpants. On peut très bien les laisser pousser là et les récolter deux ou trois fois par saison, ce qui leur évite de se ressemer. Les dernières récoltes iront plutôt au compost de manière à éviter peut-être aux rosiers une trop importante croissance de fin de saison.


Ceci n'est pas un compost ?

n.b. Vous trouverez ici une méthode de compostage plus classique

Si, mais pas dans le sens d'un compost dévolu au rendement. Ses objectifs sont en effet plus complexes et complets que ceux d'un compost classique, et on pourrait l'appeler compost "extensif" par opposition à un compost classique "intensif".
Entendons nous, il ne s'agit pas d'établir une hiérarchie de valeurs entre les deux types, mais de préciser que le choix de l'extensif existe et qu'il peut se révéler adapté à certaines conditions.
D'ordinaire, pour accélérer la vitesse de décomposition des végétaux, on broie préalablement ce qu'on jette au compost. Cela permet d'obtenir un produit utilisable sur moins d'un an. Dans un tout petit jardin, les végétaux peuvent être simplement découpés à la main, mais dès que la surface, et donc le volume de déchets augmentent, un broyeur devient nécessaire, ce qui a pour inconvénients un usage de ressources énergétiques, une pollution de l'air si son moteur est à explosion et une importante nuisance sonore dans la plupart des cas.
Quoiqu'il advienne, il ne faut pas oublier qu'un jardin comprenant des zones dites "sauvages" génère moins de déchets verts, car il produit son propre humus sur place précisément grâce à la "litière" composée de feuilles et branches mortes, ... que le compost vise à remplacer.

Un compost extensif composé de matériaux non broyés immobilisera l'espace durant plusieurs années (4 à 5 ou plus) avant que son produit puisse être réincorporé au jardin, mais il sera un véritable acteur de biodiversité et une partie intégrante du jardin car sa faune et sa flore seront plus riches que celles d'un compost classique. Il pourra même héberger une macrofaune intéressante sous la forme de hérissons qui viendront y hiberner, d'oiseaux qui y feront leur nid ou éventuellement de petits canassiers. Ici, nous l'avons mis à un endroit visible pour bien mettre en exergue à la fois cette fonction et un aspect qui peut s'avérer intéressant sur le plan esthétique.

Quelques règles très simples :

- comme tout compost, disposer à plat sur un sol filtrant ;
- commencer par une couche épaisse de branchages puis alterner ceux-ci avec des couches moins épaisses de mauvaises herbes mêlées de terre ou fines de gazon coupé ;
- ne pas arroser ni couvrir contrairement au compost classique (le tas doit être exposé aux conditions atmosphériques normales) ;
- ne pas retourner contrairement à un compost classique ;
- utiliser des matériaux hétérogènes, y compris un peu de bois mort (bien que celui-ci puisse faire l'objet d'un autre tas à proximité lorsqu'il s'agit de
gros tronçons).


 

Transgressons nos limites : cultivons nos clôtures !

La question des clôtures et des bordures est hautement symbolique : profondément en nous, elles représentent la limite entre l'homme et la nature. Dans notre culture occidentale qui s'est répandue de par le monde, on a eu de plus en plus tendance à affirmer cette limite, à la rendre tranchée, comme pour marquer d'un trait notre différence par rapport à cette nature et afficher ainsi une indépendance en fait parfaitement illusoire par rapport à elle. Une herbe qui franchit la ligne, un feuillage qui retombe nonchalament sur la surface nette du béton, et ça devient "dur-dur" pour notre petit amour si "propre" ...!
Alors, plutôt que de contrarier la nature par des produits "naturicides" (herbicides, etc.) nous avons choisi de lui permettre de s'exprimer tout en l'apprivoisant un peu. Au pied de cette clôture se prépare pour cet automne une plantation en bande étroite de céréales et de plantes accompagnant les moissons (on dit plantes "messicoles").
Contrairement à ce qu'on imagine, certaines de ces plantes, comme le coquelicot peuvent même avoir un rôle utile sur la croissance ou la productivité de la céréale qu'elles accompagnent.


Des fleurs en plastique, c'est moins polluant !

Quand on nous vend une plante, on nous la présente de plus en plus souvent comme un objet. Aussi, pour qu'elle continue à ressembler à l'image toute neuve et pimpante que nous en donne la photo sur l'étiquette ou dans le catalogue, on nous propose d'acheter en même temps les "produits d'entretien" ad hoc : engrais, pesticides, etc ... Le gros prix de l'entretien de ces images que l'on nous vend, ce n'est pas nous qui le payons, mais la nature:

- une biodiversité très réduite dans les parterres ;

- une pollution causée par les excédents d'engrais et les pesticides "recommandés" ;

- PLUS ABSURDE ENCORE ! Une consommation énorme de matières premières, et de ressources énergétiques non renouvelables pour la fabrication, la manutention, l'emballage et le transport des engrais et pesticides, ... ALORS QUE LE PRINCIPAL EST DISPONIBLE SUR PLACE !!! (Voir plus haut ou bien le compost à domicile).

Rien que les engrais chimiques nécessitent plusieurs fois leur poids en pétrole pour la transformation des matières premières nécessaires à leur fabrication ; les étapes initiales, les plus gourmandes de cette fabrication ont lieu bien souvent dans des pays où le coût de cette énergie est moins élevé, mais où le contrôle des pollutions est également inefficace ou inexistant. Et cela, c'est sans compter l'impact négatif sur l'environnement global (l'effet de serre qui nous préoccupe tous, il vient de ça aussi !) et les populations locales,

Tout ça parce qu'on veut que les quelques fleurs de nos parterres ressemblent "pour l'éternité" à l'instantané qui en a été pris (dans quelles conditions artificielles !)

En dernière analyse, le bilan écologique des fleurs en plastique serait peut-être plus positif que celui de la plupart des plantations d'annuelles !
(Mais non, rassurez-vous, nous n'avons pas l'intention de passer immédiatement à l'acte et d'en remplir nos parterres ...!)



Le jardinier, ivan louette
Mis en ligne le 21 juillet 2003


© ivan louette et Commune de Chaumont-Gistoux, 2005.
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