Silence, on jardine !
Des
outils de jardin manuels et ergonomiques
Le
jardinage à la main est-il si peu rentable ? L'efficacité
d'un travail doit-elle nécessairement être attestée
par un vacarme susceptible d'attirer l'attention
du voisinage ... et de faire fuir les petits habitants du
jardin ?
Ne
gaspillez ni l'énergie mécanique ni la votre
; dites-vous bien que derrière les dépenses
d'énergie se cachent souvent une pression sur l'environnement,
et une réduction de la biodiversité. Ne
vous étonnez
donc pas si vous ne nous voyez pas continuellement avec à la
main les outils que nous vous montrons ; notre but est
aussi
de vous apprendre à ne
les utiliser que lorsque cela en vaut vraiment la peine
!
Nouveaux
outils ou usages nouveaux pour les outils traditionnels
Le
jardinage, en nous forçant à nous accomoder
du vivant nous impose souvent d'être inventifs et
on n'a pas non plus toujours une gamme illimitée
d'outils sous la main, surtout si on pratique le jardinage
en amateur. Bien souvent de nouveaux outils sont nés
de l'utilisation des "classiques" à des
fins inhabituelles et de la nécessité de
les modifier pour les adapter à ces conditions nouvelles.
Utiliser un même outil pour deux usages ne l'use pas
nécessairement
deux fois plus, ...et puis en usage non intensif, utiliser un outil plutôt
que deux, c'est économiser l'énergie et les matériaux nécessaires
pour la fabrication du second outil !
Attention
!!! Si tous les outils nécessitent des précautions
d'usage, il convient d'en redoubler à l'occasion
d'utilisations inhabituelles. Certains fabricants précisent
les utilisations dangereuses ou inadéquates de
leurs outils, mais ce n'est pas toujours le cas. Il convient
par exemple de prendre garde lors d'expositions inhabituelles
des pointes ou des lames, d'efforts importants exercés
sur celles-ci ou sur les manches et qui pourraient les
briser, de mises à l'envers de l'outil entraînant
un déséquilibre et un risque de chute des
parties lourdes, etc.
Et puis de toutes manières, travailler en compagnie avec des outils
manuels demande autant de vigilance qu'avec des outils mécaniques, il
ne faut pas l'oublier !!!
1.
Les outils à bêcher sans retourner
On voit
de plus en plus souvent ces outils à bêcher
dans les jardineries et foires aux plantes. Dérivent-ils
tous d'un ancien outil destiné à aérer
le gazon, ou bien d'un plantoir à poireaux, difficile à dire
?
Ce dernier,
muni de 3 à 5 dents profondément bisautées 1 plutôt que simplement pointues
procure un véritable plaisir
au travail, ce qui n'est pas un luxe lorsqu'on y consacre
du temps. Cette particularité lui permet même
de s'enfoncer sans peine dans du gravier (ce qui est rendu
encore plus facile lorsque le sol est légèrement
humide).
1b
Les usages inhabituels
Ces
outils peuvent servir également à soulever
les pieds de clôtures encombrés d'herbes
ou de racines d'orties, soit pour les dégager simplement,
soit pour les enlever.
2.
Les crocs à dents courtes
Les
dents courtes servent à ne pas accrocher en profondeur
et perdre de l'énergie aux endroits où seulement
un travail superficiel est nécessaire.
Le
croc à dents classiques à extrémités écartées
1
Destiné à remuer
des couches peu épaisses de mulch, de compost à la
surface du sol.
Le
croc à rosiers à dents plates à extrémités
rapprochées 2
C'est
un croc à désherber, surtout destiné à rassembler
les mauvaises herbes pour les emmener au compost.
L'avantage de ses dents rapprochées à leur extrémité est
qu'elles accrochent moins facilement les pieds des rosiers.
2b.
Les usages inhabituels des crocs à dents courtes
- Le
croc à dents écartées permet de rassembler
de courts rameaux coupés et, en faisant osciller
le manche, de les charger sur la brouette sans avoir à se
baisser ou les en décharger
sur le tas de compost ;
- le croc a dents
plates rapprochées permet la même chose en ce qui concerne les
mauvaises herbes ;
- le croc à dents plates utilisé avec précautions permet
aussi au retour des vacances d'été, de débarrasser
les arbustes et le sol de leurs "draperies" et "nappages" de
liseron.
3.
Les binettes à pousser
Pourquoi
des outils à pousser ?
D'abord
parce que dans le cas des binettes c'est beaucoup plus
efficace. Il s'agit d'outils légers, et donc on
ne compte pas sur le poids de l'outil en lui-même,
ni sur son inertie pour pénétrer le sol et
extirper les racines ; par contre, contrairement à la
rasette à tirer, la binette à pousser permet
d'user au mieux du poids du corps, et donc d'épargner
dans une large mesure l'exercice de la force musculaire
et les chocs au dos ou aux vertèbres cervicales.
(Attention
! Cela ne signifie pas que n'importe quelle binette à pousser
convienne à n'importe quelle tâche. Qu'elles soient hollandaise
ou belge par exemple, elles ont été conçues en fonction
de besoins et de qualités de sols bien spécifiques. De plus
pour une même forme elles peuvent exister dans différentes
largeurs (en particulier les rectangulaires). L'idée de choisir
la largeur en fonction de sa "carrure", voire en fonction de
son état du moment n'est évidemment pas idiote !)
Ensuite
les outils à pousser permettent d'entretenir des
parterres en y posant les pieds le moins possible, et donc
en principe en tassant moins vite le sol (*). En
contrepartie, il donnent moins facilement accès
lorsque le recul manque et donc dans ce cas les outils à tirer
s'imposeront.
(*Attention
! Cela ne veut pas dire qu'un parterre entretenu exclusivement
et
trop fréquemment avec eux restera "respirant" ; ce serait
sans compter sur une conséquence de l'effet de "friction"
similaire à ce qu'on appelle "semelle de labour" en agriculture
et qui dans le cas des binettes peut se produire à faible profondeur).
Les
binettes classiques rectangulaires 1 et 2
Plus
elles sont étroites, moins la force à exercer
est importante, ce qui ne veut pas dire que la plus large
aura nécessairement le meilleur rendement. Chacun
d'entre nous est adapté à l'effort à sa
manière : certains tolèrent les efforts violents
sur des périodes courtes, d'autres préfèrent
des efforts réduits mais ont une meilleure endurance
Vous remarquerez que sur ces modèles, la tige qui
relie la lame au manche est de section carrée et peu épaisse
; cela permet de modifier l'angle d'attaque de la lame d'une simple pression
du talon.
La
binette pointue ou en coeur 3
Elle
est mieux adaptée aux sols un peu plus accidentés
et surtout dans lesquels les adventices à enlever
ont eu le temps de s'enraciner plus fermement.
La
binette à deux pointes et à double sens de travail 4
(elle s'utilise en tirant et poussant alternativement)
Contrairement à la
précédente, celle-ci est adaptée à des
sols plutôt plats, légers (voire sablonneux)
et meubles. Elle excelle à y éliminer les
jeunes semis d'adventices ou les plantes plus âgées
mais peu enracinées.
3b.
Usages inhabituels et modifications des binettes
Voici
quelques exemples de binettes en cours d'évolution
(sans oser préjuger bien sûr de ce à quoi
elles ressembleront dans quelques "millions d'années").
La
binette rectangulaire rétrécie en largeur 1
Elle
a simplement été sciée des deux côtés
afin de lui permettre de désherber avec précision entre
les autres plantes des parterres ; de ce point de vue,
son usage est similaire à la binette à extirper
(voir plus loin), mais son angle un peu moins ouvert par
rapport au manche lui permet de rester plus à la
surface du sol
La
binette rectangulaire usagée 2
Ne la
jetez pas ! Elle peut vous rendre de grands services pour désherber
les sentiers de graviers pourvu qu'ils soient un peu
humides (après la pluie ou un arrosage) et en particulier
si sa lame est peu épaisse. Les angles usés,
elle y pénétrera d'autant plus facilement
et pour ce genre de travail, point besoin de l'aiguiser,
elle s'aiguisera toute seule !
La
binette en coeur sciée 3
Vous
l'utiliserez à l'envers pour dresser
avec précision vos bordures de gazon ; elle
vous permettra du travail bien plus précis dans
les coins que la classique demi-lune, tout en travaillant
rapidement.
4.
Les outils de désherbage spéciaux
Les
trois outils présentés ci-après
sont en acier inoxydable, ce qui facilite leur entretien.
La
binette à extirper 1
Celle-ci
est munie d'un petit ergot destiné à ramener
vers soi les herbes ou petits arbres et drageons enlevés.
Étroite et orientée dans un angle très ouvert par rapport
au manche, elle permet si elle est bien aiguisée d'effectuer un travail
de force tel que le tranchage des pivots de petits arbres (semis spontanés
d'érables et de frènes par exemple), des repousses
et drageons d'arbres et arbustes (même les drageons de rosiers !) ou
des racines des ronces.
Mise à l'envers, l'angle le plus fermé orienté vers le
bas, elle pénètre facilement dans les écorces
et copeaux utilisés en couverture de sol.
Le
cultivateur pour rocailles 2
C'est
un outil anglais destiné à remuer et aérer
légèrement le substrat des rocailles de plantes
alpines. Son "ergot" est
arrondi à l'intérieur, ce qui évite
d'abîmer les racines des plantes ligneuses.
4b.
Usages inhabituels du cultivateur pour rocailles
Sa rigidité permet
par exemple de l'utiliser pour dégager les pieds
des rosiers des racines des orties qui
s'y insinuent de manière quasiment inextricable
autrement (néanmoins, le fabricant précise
qu'il n'est pas indiqué de l'utiliser comme levier
ou pied de biche)
En compostage il permet d'évaluer la température du
compost en l'enfonçant au coeur du tas et d'y pratiquer des cheminées d'aération
au besoin.
Le
désherbeur de bordures 3
Très
agréable pour nettoyer les
bordures ou les surfaces pavées aux joints relativement
larges grâce à son "ergot" recourbé,
il peut être retourné pour compléter
le travail en sectionnant des racines plus dures au moyen
de sa partie supérieure qui peut être aiguisée.
On peut dans une certaine mesure l'utiliser pour nettoyer les joints des pavés
de béton, mais son usage y est plus limité et dans ce cas, un
simple clou planté au travers d'un manche peut faire du travail efficace.
5.
La cisaille à bordures
Le modèle à lame
disposée verticalement permet de travailler aussi
vite que la débroussailleuse à fil et beaucoup
plus proprement (car il évite de râcler le sol par inadvertance)
pour ce qui est de la coupe
des herbes dépassant des bordures. Les bordures
nettes avec un dénivelé léger lui
conviennent mieux. Trop de passages dans la terre use la
lame.
n. b.: les modèles à lame
horizontale sont à proscrire s'ils ne sont pas munis
de roulettes pour supporter le poids de l'outil.
5b.
Usage inhabituel de la cisaille à bordures
Lorsqu'on
prépare du compost en petites quantités,
elle permet de découper en courts tronçons
les longues tiges d'adventices arrachées au moment
de leur floraison ; il suffit de les allonger toutes dans
un même sens sur le sol en couches de 5 à 10
cm et de les couper perpendiculairement.
6.
Le sécateur à long manche
Il en
existe différents modèles depuis le cueille
fleurs 1 long de quelques dizaines de
centimètres jusqu'au manche de deux mètres
cinquante voire plus. Le modèle le plus courant 2,
long d'environ 1 m 20 est le plus polyvalent.
Tailler
au sol sans se baisser, tailler
en hauteur, et plus encore peut-être, tailler
en profondeur au sein de la ramure
d'arbustes épineux ou aiguillonnés
comme les rosiers sont ses points forts. Il ne faut néanmoins
pas en attendre de couper du bois très dur, ni
des épaisseurs dépassant le centimètre.
La plupart sont munis
d'une pince 3 permettant, si l'on ne relâche
pas la pression sur la poignée après avoir sectionné la
tige, de charger celle-ci sur une brouette. Cela peut aussi aider à ramasser
sans se baisser des branches difficiles à manipuler à la
fourche.
7.
Les outils à inventer
(ou
les usages à inventer
pour les outils existants)
Depuis
le clou planté au travers d'un manche de bois jusqu'à la
transformation sophistiquée d'un outil existant,
le domaine longtemps resté en défection des
outils manuels laisse beaucoup de place à l'invention.
Qui n'a pas pesté sur l'inadaptation d'un outil à sa
conformation physique ou à l'usage précis
qu'il voulait en avoir.
La liste d'outils exposée ici est loin d'être exhaustive. Nous
sommes toujours intéressés par les expériences d'autres
jardiniers amateurs ou professionnels. N'hésitez donc pas à nous
contacter si vous désirez partager votre expérience dans cette
manière.
ivan louette Mis
en ligne le 3 novembre 2003,
mise à jour
le 24 février 2005
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