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La rose d'Abyssinie

(initialement publié dans Rosa Belgica et dans la Revue de l'Association des Amis de la roseraie du Val-de-Marne, à L'Haÿ-les-Roses).

English summary

Introduction
Historique
Géographie
Taxonomie
Description
Notes


Introduction

n.b. L'une des hypothèses implicites de cet article, à savoir que Rosa abyssinica aurait pu apporter leur caractère remontant aux roses de Damas des Quatre saisons (R. x damascena var. semperflorens) a été récemment remise en question par les analyses du généticien japonais Hikaru Iwata qui a mis en évidence la présence de l'espèce remontante Rosa fedtschenkoana dans leur parenté. Vu la présence en abondance de R. abyssinica dans le sud-ouest de la Péninsule arabique, où les roses sont cultivées en abondance depuis des temps anciens, il demeure néanmoins très intéressant de rechercher activement ses gènes dans les variétés anciennes de roses cultivées du Proche-Orient.

Au généticien Charles Chamberlain Hurst, qui consacra une part de sa vie à l'élaboration d'une théorie générale des origines des roses cultivées, et à Graham Stuart Thomas, qui communiqua son enthousiasme pour cette question à des générations d'amateurs (dont je suis), en la publiant dans un ouvrage qui leur était destiné (23*).

Jusqu'à présent, on s'est peu interrogé sur les origines de la floraison tardive et prolongée de la vraie rose musquée [Rosa moschata J. Herrm. i] qui débute en août-septembre (en moyenne Belgique) pour se prolonger jusqu'aux gelées. Gisèle de la Roche (19) envisage la possibilité que la rose de Chine à floraison remontante (R. chinensis Jacq.) ait pu jouer un rôle dans sa parenté. G. S. Thomas (22, 24) considère cependant que R. moschata ne montre aucune influence de R. chinensis ou de ses hybrides.

À mon sens, au moins une alternative pouvait être proposée à l'hypothèse d'une origine hybride. Ce phénomène pouvait résulter d'une adaptation de R. moschata au climat de sa région d'origine (celle-ci n'ayant pas encore été déterminée de manière décisive). Mon attention fut attirée par Krüssmann (14) vers ce qu'il nommait R. moschata var. abyssinica, qui fleurissait deux fois dans l'année, ce qui me fit penser que l'origine de R. moschata se trouvait peut-être en Éthiopie (autrefois Abyssinie), sous un climat fort différent du nôtre. Le hasard des utilisations (plus ou moins légitimes) de la nomenclature botanique entraînant parfois des situations paradoxales, le R. moschata var. abyssinica n'était-il pas l'espèce originelle, et R. moschata l'une de ses variétés?

Suite à un examen approfondi, les caractéristiques morphologiques particulières de R. abyssinica (puisqu'il s'agit bien d'une espèce à part entière, nous le verrons plus loin) me détournèrent de cette idée. Mais si ces caractéristiques, et en particulier la forme des inflorescences écartaient R. abyssinica de R. moschata, elles rapprochaient en revanche R. abyssinica des roses cultivées autrefois pour leur aptitude à des floraisons répétées: les roses dites des "Quatre saisons", et les premières races en dérivant (Portlands, Hybrides remontants, etc.).

R. abyssinica ne devrait-elle pas occuper la place que C. C. Hurst II attribuait à R. moschata dans la généalogie des ces races de roses cultivées?


Historique

L'appellation Rosa abyssinica est donnée en 1814 par Robert Brown (20) à du matériel d'herbier ramené par R. Salt d'Abyssinie en 1805. Il est probable toutefois que la première mention de cette espèce dans la littérature botanique européenne est celle de Pehr Forsskåhl (9), élève de Linné qui, en 1763 donne l'appellation R. indica L. III à une rose à fleurs blanches trouvée dans la région de Bulgôse, dans les montagnes du nord de l'actuel Yémen. Cette rose ne figure cependant pas sur la liste des herbiers de Forsskåhl retrouvés jusqu'à présent IV .

En 1820, Lindley (16) décrit pour la première fois R. abyssinica R. Br. et en donne une toute première illustration (fig. 1) très explicite. Schimper (1836) et Schweinfürth (1888-89) enrichissent considérablement la connaissance de l'espèce par la quantité de matériel qu'ils en récoltent. Schweinfürth (1905) publie un excellent article (13) accompagné de la première photographie de l'espèce dans son milieu.

Par la suite, de nombreuses récoltes sont faites par des botanistes italiens, anglais, suédois, danois, hollandais (ceux-ci s'étant particulièrement distingués), et d'autres photos sont publiées [Migahid, 1978 (17); Abdulfatih, 1984 (1); Collenette, 1985 (6)], ainsi qu'un dessin [Glen, H. F. & Hardy, 1987 (11)].


 

Géographie

R. abyssinica croît en Éthiopie, en Érythrée, et comme nous l'avons vu au Yémen (nord) mais elle est aussi commune au sud-ouest de l'Arabie Saoudite (jusqu'au nord de la Mecque), et on la trouve occasionnellement dans l'extrême nord de la Somalie et l'extrême est du Soudan, en contact avec l'Érythrée. Cette aire de distribution, la plus méridionale qui soit pour une rose sauvage, est isolée de 800 km environ du reste de l'aire du genre Rosa (5), qui est lié aux régions tempérées de l'hémisphère nord. Ce phénomène peut être comparé à l'isolement de R. leschenaultiana (Thory) Wight & Arn. dans les montagnes du sud de l'Inde.

Sous les latitudes auxquelles elle croît, R. abyssinica est également confinée à des zones d'altitude. C'est en Arabie Saoudite qu'elle descend (exceptionnellement) le plus bas (800 à 900 m), tandis qu'elle est signalée jusqu'à 3300 m (4000 m d'après Schweinfürth) en Éthiopie. Elle fait partie de la flore de ce que l'on nomme en phytogéographie Centre régional d'endémisme afro-montagnard (26) dans lequel on trouve également des représentants d'une série d'autres genres caractéristiques des zones tempérées de l'hémisphère nord Juniperus, Ranunculus, Heracleum, Anemone, Saxifraga, Primula, ...), reliques d'une époque à laquelle une continuité climatique et floristique existait entre ces contrées et celles situées plus au nord.

Le climat des zones d'altitude de la "Corne de l'Afrique" et du sud-ouest de la Péninsule arabique diffère cependant (15, 18) de celui du reste de l'aire du genre Rosa par des températures clémentes, aux moyennes (celles d'un bel été en Belgique) fluctuant peu tout au long de l'année (± 5° d'écart) et par l'alternance d'une saison sèche et d'une saison humide marquées (cette dernière étant appelée "Mousson" en Éthiopie, car elle est liée à une inversion de l'orientation des vents dominants, qui passent alors au sud-ouest). Dans les zones où croît R. abyssinica, cette saison humide peut être unique (d'avril à septembre, avec un maximum en juillet-août) à divisée en deux [(mars)-avril-mai et septembre-octobre] et les moyennes annuelles des précipitations peuvent aller de 400-700 à 700-1500 mm, voire plus. En saison sèche, le gel (surtout nocturne) n'y est pas rare au-delà de 2000 m.

R.abyssinica s'accomode de conditions variées (10): -forêts sèches à genévriers, forêts humides à Podocarpus (un autre genre de cônifère, à distribution plutôt australe et tropicale en général), végétation du bord des cours d'eaux, vallées sèches, prairies, ainsi que divers habitats liés aux activités humaines V, tels que les murs de soutènement des terrasses de culture.


 

Taxonomie

Les styles de R. abyssinica, réunis en colonne, la placent dans la section des Synstylae du genre Rosa, subdivision à laquelle appartient également R. moschata.

François Crépin (7, 8) traitait R. abyssinica come une variété de R. moschata, mais cette manière de voir n'est plus reprise actuellement que par la littérature horticole (voir l'exemple de Krüssmann en première page), un peu par convention, et pour éviter trop de complications autour d'une espèce plutôt marginale en culture. Crépin avait une définition très large de R. moschata, dans laquelle il englobait toutes sortes de roses considérées aujourd'hui comme taxonomiquement très distantes: - R. ruscinonensis Gren. & Déségl. (une voisine de R. sempervirens L., des Pyrénées orientales), R. brunonii Lindl. (Himalaya), R. sambucina Koidz. (Japon), pour n'en citer que quelques unes ... Cette définition que englobait également des formes cultivées (dont la véritable rose musquée, connue en Europe en principe depuis le XVIe siècle et peut-être originaire des confins de l'Afghanistan et du Pakistan actuels) a été abandonnée, car outre qu'elle était une source de confusion (non encore totalement démêlée) pour la nomenclature, elle reflétait mal les réalités de la phytogéographie et de l'évolution des espèces. À ce sujet, la génétique moléculaire pourrait probablement éclaircir la question des liens ancestraux entre R. abyssinica et les diverses espèces desquelles on l'a rapprochée depuis qu'on la connaît: -R. sempervirens L. (région méditerranéenne), R. freitagii Zielinski (Afghanistan) (27) et R. brunonii Lindl. (Himalaya).

À l'inverse de Crépin, Boulenger (4) frappé par la grande variabilité de R. abyssinica, la divisa en quatre espèces qu'il nomma R. abyssinica, R. barbeyi , R. bottaiana , R. schweinfurthi . Il est vrai que les spécimens types de Boulenger, dont une partie se trouvent dans l'Herbier Crépin, à Meise (BR), donnent l'impression de formes extrêmement différenciées, mais des récoltes ultérieures ont amené d'autres variantes, et également des formes intermédiaires pouvant mettre en doute la validité de telles délimitations taxonomiques.

Si le grand nombre de spécimens de R. abyssinica actuellement visibles dans les herbiers pouvaient éventuellement permettre de dégager des tendances morphologiques d'ordre géographique, seule une recherche sur le terrain pourrait éventuellement mettre en évidence un lien entre certaines formes et par exemple des conditions écologiques particulières. Un approfondissement de la taxonomie de ce groupe de formes nécessiterait quant à lui un travail de semis et des expérimentations génétiques sur un matériel varié récolté sur place. Aussi, en attendant mieux, se contentera-t-on de l'appellation R. abyssinica R. Br. ex Lindl., quelles que soient les formes désignées.


 

Description

Pour la description de formes particulières, on se reportera donc à Boulenger en gardant en mémoire les questions que cela peut poser. La description qui suit embrasse l'espèce dans son ensemble. On pourra en dégager d'une part les grandes constantes (par exemple la structure et les proportions des inflorescences) et d'autre part les caractères les plus variables (indument des diverses parties de la plante, etc.). La présente description est basée sur des données récoltées sur des herbiers en provenance de Meise (BR), Wageningen (WAG), Paris (P), Kew (K) et Londres (BM), ainsi que sur des photographies inédites vues à Wageningen, et des informations reçues de scientifiques attachés à ces institutions ou en relation avec elles, et sur la littérature.

Rosa abyssinica R. Br. ex Lindl.

  • Arbuste (peu drageonnant?) à tiges non ou à peine flexueuses, parfois bas (± 50 cm) mais le plus souvent sarmenteux, se comportant en milieu ouvert à la manière de R. canina L. en Europe (port en dôme haut de 2, 3 m, tiges à départ dressé, arquées ensuite,et à extrémités ± retombantes), mais pouvant s'élever à plus de 10 m dans la végétation environnante (en milieu semi-ombragé). Parfois décrit comme un petit arbre au tronc épais (conséquence d'un broutage occasionnel ou périodique?)
  • Écorce des jeunes rameaux généralement lisse, purpurine à verte, parfois pruineuse.
  • Aiguillons le plus souvent nombreux, rougeâtres à jaune paille, inégaux, droits ou le plus souvent arqués, parfois crochus, souvent plus forts et en petits groupes juste sous les inflorescences.
  • Feuillage ± coriace, à l'aspect de feuillage persistant, mais parfois caduc (en fonction de conditions climatiques irrégulières ou exceptionnelles?)
  • Folioles le plus souvent par 5 à 7 (parfois 9, rarement 3, et dans ce dernier cas uniquement sur les tiges florifères), d'un vert moyen à sombre, satinées ou luisantes en dessus, d'un vert plus clair, parfois glauque et satinées ou mates en dessous, généralement pétiolulées (1 à 2 mm), elliptiques (ou ovales, en particulier la terminale), voire obovales (sur les jeunes rameaux secondaires, par exemple), le plus souvent deux fois plus longues que larges souvent plus élargies chez les formes à petites folioles ou plus allongées chez les formes à grandes folioles), la terminale légèrement plus grande, les autres de taille légèrement dégressive en direction de la base, le plus souvent longues de 20 à 30 mm [mais pouvant atteindre (6)-10 mm à 60-(70) mm selon les formes], à base arrondie ou en coin et extrémité parfois légèrement acuminée (surtout chez la terminale), glabres, ou parfois pubescentes ou glanduleuses en dessous, sur les nervures principales.
  • Dents des folioles par 8 à 40 de chaque côté (selon la taille des folioles), aiguës, orientées vers le sommet de la foliole, simples et non glanduleuses ou composées et glanduleuses (surtout chez les formes à feuilles petites à moyennes).
  • Pétiole et rachis glabres ou pubescents, les rachis le plus souvent munis du côté supérieur de poils glanduleux sur toute leur longueur et d'une touffe de poils non glanduleux à l'insertion des folioles, et du côté inférieur, de petits aiguillons courbés [de 1 à 2-(3) mm].
  • Stipules adnées au pétiole, souvent rougeâtres, étroites, à bords parallèles (parfois un peu plus larges et dilatées à mi-longueur en se rapprochant des inflorescences), bordées ou non de glandes, terminées par des oreillettes courtes et ± divergentes.
  • Inflorescences cymeuses (voir fig. 4), le plus souvent de 3 à 10-(15) fleurs (la fleur centrale et basale de l'inflorescence terminant l'axe principal et fleurissant en premier lieu, suivie des fleurs centrales des inflorescences secondaires), parfois réduites à une ou deux fleurs, légèrement asymétriques (les axes secondaires pouvant être de vigueurs inégales, porter des quantités inégales de fleurs, être aiguillonnés ou non et épanouir leurs inflorescences avec un léger décalage dans le temps), rendues très compactes (fig. 4) par: 1° la faible longueur des pédicelles (en moyenne 2,4 x aussi longs que l'hypanthium, avec des extrêmes de 1,3 à 4,2 x), 2° la position souvent pratiquement opposée (lorsqu'ils sont par deux, ce qui arrive le plus souvent) des points d'insertion des axes secondaires sur l'axe principal, 3° la faible longueur des axes secondaires au moment de la floraison (en moyenne 0,35 x ausi longs que le pédicelle de la fleur centrale et basale, avec des extrêmes de 0,14 à 1,30 x). Au sommet des tiges vigoureuses, à leur première floraison, ces inflorescences peuvent être groupées (rarement) en inflorescences composées assez denses (une panicule de cymes, par exemple), ou plus communément en groupements plus lâches fonctionnant à leur tour comme des cymes [par exemple, une cyme terminant l'axe principal et s'épanouissant la première, suivie à tour de rôle et plus haut qu'elle par deux autres portées par des axes aiguillonnés et feuillés, s'élevant de l'aisselle des deux dernières feuilles alternes qui la précèdent (fig. 2). Simultanément à cette floraison terminale, ou plus souvent avec un décalage de quelques semaines, voire plusieurs mois, et alors qu'elle s'est courbée sous son propre poids, la même tige principale produit de nombreux rameaux secondaires (fig. 5) souvent dressés,de vigueurs inégales, porteurs en général d'inflorescences moins fournies [souvent 1 à 3-(4) fleurs; le cas le plus extrême étant une fleur unique portée par un rameau atrophié parfois long de moins de 1 cm (fig. 3)], ces rameaux pouvant parfois se développer à proximité ou au sein même des premières inflorescences défleuries ou en fruits pourront éventuellement produire des rameaux florifères de troisième puis de quatrième ordre. La plante peut éventuellement n'être qu'en partie fleurie et présenter simultanément des tiges végétatives et d'autres entièrement en fruits VI, mais pratiquement tous les spécimens étudiés, récoltés tout au long de l'année à travers toute l'aire de distribution de l'espèce étaient fertiles (sur un seul spécimen, on signalait qu'aucun matériel fertile n'était visible à l'endroit de la récolte en ce moment.)
  • Bractées primaires souvent remplacées par des feuilles comportant le même nombre de folioles, ou une paire en moins que celles du reste du rameau (ce qui rapproche visuellement les inflorescences de la masse du feuillage.)
  • Bractées secondaires entières, parfois bordées de glandes, le plus souvent petites (mais atteignant parfois la taille des sépales), étroitement lancéolées, à sommet longuement acuminé, caduques avant la maturité des fruits (avant les sépales).
  • Pédicelles longs de 1 à 3-(4) cm (les plus courts chez les formes à petites folioles, raides et dressés, parfois assez forts, glabres ou pubescents, souvent ± densément pourvus de glandes stipitées mêlées parfois de quelques acicules à peine plus longs.
  • Boutons ovoïdes, à la corolle largement dépassée par l'extrémité des sépales.
  • Sépales ovales, rétrécis à la base, graduellement atténués en une longue pointe au sommet, glabres, pubescents ou glanduleux à l'extérieur VII, villeux à laineux à l'intérieur, les externes bordés des quelques glandes et d'un ou plusieurs appendices le plus souvent filiformes et également glanduleux, rarement pourvus d'un appendice terminal spatulé ou denté, voire foliacé, réfléchis dès le début de l'épanouissement de la fleur, caducs avant la maturité du fruit.
  • Pétales longs de 10 à 25 mm, larges de 8 à 20 mm, blanc à jaune crème, légèrement émarginés.
  • Fleurs parfumées (peut-être par les filets des étamines plutôt que par les pétales, comme c'est généralement le cas chez les Synstylae), d'une dimension non en relation de manière absolue avec celle des folioles ou à la longueur des pédicelles (on peut par exemple trouver des fleurs petites, portées par de longs pédicelles chez des formes à grandes folioles.)
  • Disque conique, large, à orifice étroit.
  • Styles agglutinés en une colonne proéminente, ± villeux selon les formes, les stigmates étant étagés.
  • Hypanthium ellipsoïde, glabre ou pubescent, parfois glanduleux, devenant ovoïde ou globuleux (demeurant plus rarement ellipsoïde et peu charnu), orange à rouge et d'un diamètre de 8 à 12 mm à maturité.

 

Notes

Après de longues et patientes recherches dans la littérature et les jardins anciens, G. S. Thomas résolut en le retrouvant vivante en 1963 le problème de l'identité de cette rose qu'on croyait perdue depuis le milieu du siècle dernier (22, 24)

II° C. C. Hurst (23) considérait que les "Quatre saisons" (roses de Damas à floraisons multiples sur une même saison) comme des hybrides entre R. gallica L. et R. moschata Herrm., tandis que pour lui, les roses de Damas à floraison unique étaient des hybrides entre R. gallica L. et R. phoenicia Boiss. On a appris par ailleurs récemment (25) qu'il n'avait pas travaillé avec la véritable R. moschata Herrm., mais avec une forme de R. brunonii Lindl., guère plus proche morphologiquement des "Quatre saisons".

III° L'appellation R. indica L. désignait à l'origine non pas les roses de Chine à fleurs roses ou carnées du groupe de 'Old Blush' (sens auquel l'utilisèrent W. T. Aiton et J. Lindley), mais une espèce qu'on croit de plus en plus être celle connue actuellement sous l'appellation de R. cymosa Tratt. (2). Originaire du sud de la chine et proche botaniquement de R. banksiae R. Br. in W. T. Aiton, cette espèce possède des traits communs avec certaines formes yéménites de R. abyssinica (cf. par exemple la forme désignée sous le nom de R. barbeyi par Boulenger), ce qui expliquerait peur-être que Forsskål les aie confondues avec R. indica L.

IV° D'après une information reçue de M. Ib Friis de l'Université de Kopenhagen au sujet du recensement de ces herbiers effectué par F. N. Hepper, de Kew.

À propos des hommes, les analyses polliniques des strates anciennes du sol de la région montrent qu'à plusieurs reprises durant l'évolution de nos plus lointains ancêtres (la vallée de l'Omo est toute proche!) la végétation y fut du même type qu'actuellement (3). L'image d'enfants éthiopiens perpétuant sur place une tradition inaugurée il y a quelques millions d'années par nos ancêtres hominidés de manger les fruits de R. abyssinica est bien jolie !

VI° En culture, R. abyssinica est capable de réelles performances, puisque Carl Selbstherr (21) signale que, cultivée en pleine terre en orangerie (en Allemagne), et non taillée, elle fleurit presque toute l'année.

VII° On observe rarement la présence dense et simultanée sur les sépales, les hypanthiums, les dents des folioles et leurs nevures inférieures, de glandes assez longuement stipitées et non pigmentées [certaines formes somaliennes de l'herbier de Kew (K)].

Avec mes plus chaleureux remerciements au Jardin botanique national de Belgique, et en particulier à MM. Paul Bamps, Chef du département Herbarium, et Raymond Clarysse, conservateur de la bibliothèque, pour leur extrême gentillesse.


ivan louette, mis en ligne en novembre 2002, modifié le 12 janvier 2005

 

 

© ivan louette et la S.R.N. Les Amis de la Rose, 2002-2005.
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