Idées
sur la conservation
des variétés de roses
Thanks
to Roch Rollin and the responsibles of Lost
Beauties, here is the translation of this text : Ideas
on Conservation of Roses
Übersetzung
von Antje Marx : Die
Bedeutung von Erhaltung
La
liste des roses cultivées dans notre roseraie environnementale
m'ayant été demandée par le Comité de
conservation de la Fédération mondiale des
sociétés de roses, je me suis intéressé
aux travaux de ce comité après avoir participé à l'une
de ses réunions en juin 2003 à Sangerhausen
en Allemagne. Cela m'a motivé à structurer
mes idées à propos
de la conservation.
Voici par ailleurs deux autres pages
du site "botarosa" consacrées
à des sujets en relation étroite avec celui-ci : Enregistrer
la diversité et Commer :
réflexions en marge d'un "Concours Lépine" de la rose.
La notion de conservation
Il serait très appauvrissant pour la rose, pour la culture et pour l'humanité de
laisser se réduire de facto le sens (et par là même la portée)
du mot conservation. Or c'est ce qui risque d'arriver si on le laisse définir
de manière trop univoque !
Les dérives du sens des mots sont un phénomène naturel
lié à l'évolution
des langues. Mais on assiste souvent à des manipulations du sens (réorientation,
réduction, voire uniformisation), sous la pression volontaire ou l'influence
inconsciente d'idéologies largement répandues. Dans le cas des
réductions et uniformisations conscientes, la raison invoquée
est généralement la rationalisation. Il serait absurde que
rationalisation rime avec appauvrissement.
Pour qui et pourquoi entreprendre un processus de conservation ?
Pour la préservation de la planète
Bien qu'une protection des populations in-situ soit la plus valable pour
les espèces botaniques, l'introduction de leurs génotypes dans des
banques de matériel d'échange peut aussi être très
utile à la préservation de leur patrimoine génétique.
Pour le patrimoine matériel et culturel commun
de l'humanité
Ici c'est l'homme en tant qu'utilisateur final du rosier de jardin ou de
la rose coupée qui est concerné, l'homme avec son histoire et ses traditions,
mais aussi avec l'avenir de ses connaissances et de l'agrément qu'il
tire des roses.
Pour l'optimisation des performances de l'industrie de la rose
Conserver et tenir à disposition une ressource génétique
et esthétique importante accroît le potentiel de développement
technique et économique de cette industrie.
Le rôle de l'organisme de conservation
Une structure nouvelle dédiée à la conservation ne devrait
pas prétendre faire tout le travail elle-même (1), mais au contraire
aider ce qui existe à se synchroniser pour mieux collaborer.
Il est extrêmement important et utile si l'on veut justifier les moyens
globaux nécessaires à la conservation que ses buts soient intelligibles
par chacun et que les critères locaux puissent être pris en considération
(2). Pour cela, d'abord l'organisme qui gère la conservation doit adopter
une attitude neutre, humble et ouverte à la diversité des cultures
et des modes de pensée (qui a pour conséquence cette diversité dans
les raisons de conserver).
Ce n'est donc pas l'organisme de conservation qui devrait décider unilatéralement
de ce qui doit être conservé ou pas (bien qu'il puisse émettre
des suggestions ou prendre des initiatives à ce sujet). Son rôle
serait d'abord de demander aux jardins qui ont fourni une liste complète
de désigner eux-mêmes au sein de celle-ci une sélection de
ce qu'ils jugent intéressant de conserver, multiplier et échanger
(les collectionneurs connaissent souvent très bien le potentiel des variétés
de leur collection). L'organisme se chargerait ensuite de la conservation en
réseau des variétés désignées, c'est à dire
de leur collecte, de leur mise en culture dans une ou plusieurs zones de transit
(voir plus bas les nouvelles techniques) et de leur mise à disposition.
Il devrait aussi collecter un maximum d'information à leur sujet. Le tout
devant être géré au moyen d'une base de données
accessible via Internet.
Des disparités économiques importantes existant entre les différents
intervenants du réseau, les coûts devraient être réduits
au plus bas via l'intervention des pouvoirs publics et du sponsoring, etc.
Nouvelles techniques ouvertes et collaboratives de conservation
Des biotechnologies légères, performantes, respectueuses de l'environnement
(cryopréservation du bois, conservation in-vitro, etc.(3)) et basées
le plus possible sur un savoir ouvert (4) et évolutif (open source) seraient
sans doute les plus adéquates à mettre en oeuvre pour cette
conservation.
Il existe de par le monde des organismes fonctionnant de manière analogue
pour d'autres végétaux que la rose et dont il serait possible
de s'inspirer et certainement de recevoir de conseils. Je citerai par exemple
INIBAP (International
Network for the Improvement of Banana and Plantain)
1° Il me serait difficile de me reconnaître dans un comité de
conservation qui aurait pour seule ambition d'établir lui-même une
liste de ce qu'il faut garder ou non, et de pratiquer ainsi une forme d'"épuration" basée
sur des critères étroits et décrétés de manière
unilatérale.
2° Toute échelle de valeur est relative et constitutive d'une société.
La diversité des valeurs est un enrichissement à condition qu'un
débat ouvert et équitable soit possible autour d'elles. Les notions
de beauté, de pureté, de sélection par exemple résonnent
différemment, portent sur des éléments divers suivant
les cultures.
3° Les jardins gardent un rôle important à jouer plutôt
au niveau de la mise ou remise en culture "en grandeur réelle" des
variétés conservées et de l'expérimentation des nouveautés.
Il ne serait pas nécessaire de créer de nouveaux jardins dédiés à la
conservation ou à l'expérimentation puisque ceux-ci existent déjà de
par le monde.
4° Il est toujours dommageable pour l'humanité dans son ensemble que
les patrimoines historiques de communautés locales (peuples, nations,
ethnies, villages, ...) se voient "accaparés" par le biais de
la propriété intellectuelle, et que les communautés se trouvent
ainsi frustrées dans leur identité. Une structure chargée
de la conservation doit tenir compte de cela.
ivan
louette, mis en ligne le 14 février 2004
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