Questions
et recommandations
au Comité spécialisé de conservation
de la Fédération mondiale des sociétés de roses
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direct au texte (passer l'introduction)
Faudra-t-il
un jour s'échanger en fraude au travers des mailles
du filet des tracasseries étatico-commerciales les
roses du "Salon des refusés" !!! Nous sera-t-il un
jour nécessaire
d'en arriver à ce que José Bové (dont la lucidité de
l'analyse et la qualité humaine et scientifique des écrits
inspirent le respect) appelle la "désobéissance civique" !!!
En
1997, lors de la convention de la World Federation of Roses
Societies (la Fédération mondiale des sociétés
de roses, à laquelle sont affiliées différentes
associations considérées comme représentatives
aux niveaux nationaux) qui avait lieu dans le Benelux,
il a
été mis sur pied un comité chargé d'étudier
les questions de conservation. Ce comité est depuis
lors présidé par
Helga Brichet, précédemment Présidente
de la WFRS.
J'étais
présent en tant qu'observateur pour la SRN Les amis de
la rose
à la
première
réunion de
ce comité, ainsi qu'à titre d'invité à celle
qui a eu lieu en été 2003, lors du centenaire de
la roseraie de Sangerhausen, en Allemagne.
Alors que jusque
là le travail de ce comité avait consisté à réunir
des informations
sur
les collections existantes dans le monde et les actions
en faveur de la conservation, lors de la réunion de Sangerhausen
il a été pris l'orientation de définir une "liste" de roses
"valant la peine d'être conservées". Cette question a déclenché
des protestations et donné lieu à des échanges de propos
assez vifs impliquant entre autres Helga Brichet, Charles
Quest-Ritson (horticulteur anglais et auteur de livres et
publications sur les roses, entre autres en collaboration
avec la Royal Horticultural Society) et Ken Grapes (Président
sortant de la WFRS).
Les questions et recommandations ci-dessous sont issues
des inquiétudes et de la réflexion de différentes
personnes ayant été invitées à participer à la
réunion du Comité de conservation de la WFRS à Sangerhausen.
Elles sont également l'aboutissement de réflexions
entamées et publiées précédemment sur botarosa et relayées en
anglais et en
allemand sur le site de l'association Lost
Beauties. Elles ont été soumises a la lecture de deux
spécialistes expérimentés en conservation des végétaux
et experts FAO, dont Marc Lateur (responsable à l'Unité
de phytopathologie du Centre de recherches agronomiques
de Gembloux, Belgique, et membre du Comité de la SRN Les
amis de la rose), ainsi qu'au Directeur du Jardin botanique
national de Belgique,
M.
Jan Rammeloo. Tous
trois les
ont approuvées et Marc Lateur y a apporté des éléments
supplémentaires. Elles ont ensuite été soumises
au Comité de
l'association de la S.R.N. des Amis de la Rose
qui a accepté d'en faire part en son nom à la réunion du
Comité de
conservation tenu à Prague le 3 juillet 2004.
Voici
sous la forme d'un extrait des Minutes de la réunion
de Prague
du WORLD FEDERATION OF ROSE SOCIETIES SPECIALISED CONSERVATION
COMMITTEE
(à laquelle j'étais invité mais n'ai
pu me rendre) ce qui en a résulté, et dont je n'ai pu
prendre connaissance qu'indirectement six mois plus tard
:
- "Mr
Frans Thomas had received a letter from Ivan Louette.
He had suggested a list that might be useful and Mr Thomas
suggested that a copy of the list be given out and discussed
at the next meeting in Geneva. Professor Joyaux (*) did
not agree, but suggested that anyone interested should
look
at the list on the Louette website at www.botarosa.com." -
(*François
Joyaux est President de la Fédération française
de la rose et Vice-Président du Comité de
conservation de la WFRS).
Au
moment de cette réunion, la liste de questions et recommandations
ne se trouvait pas en ligne sur botarosa. François Joyaux
le savait-il ? En avait-il reçu copie (ce qui
aurait été tout à fait naturel simplement
pour des raisons pratiques) de la part d'Helga
Brichet à qui je l'avais envoyée en même temps que
je la remettais à Frans Thomas ?
Les
"marchés captifs" entre les mains de monopoles ou d'oligopoles
se multiplient dans le domaine du végétal cultivé,
au détriment toujours des petits intermédiaires et de l'utilisateur
final. Cela a commencé par l'agriculture, s'est continué
par la
culture
légumière
et est en passe
de se
répandre sous nos yeux dans les cultures ornementales
telles que la rose. Il serait par conséquent impératif
:
- que
renaisse de ses cendres l'idée toute simple qu'il
existe encore quelque part de petits intermédiaires et
un utilisateur
final
(je dirais même délibérément avec un clin d'oeil un
"jouisseur" final, car les mots "utilisateur" ou "consommateur"
ne me satisfont guère, et avec la rose il est bien question
de jouissance dans la plus pleine acception du terme)
qui possède
un droit de regard permanent sur les décisions
qui le concernent.
- que
la communication passe mieux au niveau
des associations dans les statuts parfois "entoilés
d'araignées" desquelles ce jouisseur final
existe encore ...!
Voici
le contenu exact du texte en question remis
entre les mains de Monsieur Frans
Thomas,
Président
de la Société royale
nationale Les amis de la rose (les "Questions" ont
simplement été remises à leur place
en tête du texte) :
Questions
Il
a été question lors des réunions précédentes du Comité d'une
liste de roses "valant la peine d'être conservées".
a° Quels
en sont les buts précis ?
b° Quelles
sont les démarches envisagées par la WFRS à propos de cette
liste et auprès de quelles instances (gouvernementales,
internationales, etc. ...) ?
c° Est-il
envisagé que les variétés non recensées sur cette liste
ne puissent plus être commercialisées (suite par exemple à l'introduction
d'une obligation préalable d'enregistrer toute variété commercialisée)
?
d° Si
cela n'est pas envisagé, n'y aura-t-il pas de mesures discriminatoires à l'égard
des variétés non recensées décourageant leur vente ou leur
culture et entrant par là même en contradiction avec différents
points de la Convention de Rio sur la diversité biologique
?
e° Si
cela est envisagé, y aura-t-il des mesures prises à l'égard
des obtenteurs de petite importance (PME) pour compenser
efficacement l'impact du coût de l'enregistrement sur leurs
frais de développement et ainsi rétablir une situation
d'équité et de réelle libre entreprise (*) ?
(*n.b.
il est évident qu'envisagée de cette manière la libre entreprise
ne peut être qu'un plus pour la biodiversité!)
Recommandations
A° Constitution
d'une base de données
La
WFRS et ses sociétés affiliées sont de par leurs statuts
au service de la rose et de toutes les personnes et catégories
de personnes concernées par elle. La volonté d'informer
ces personnes de la manière la plus complète et objective
possible doit se refléter dans la constitution d'une
base de données des variétés de roses. Celle-ci doit être
un outil polyvalent au service d'un maximum de catégories
d'utilisateurs. Son développement doit avoir pour principe
neutralité et équité entre les utilisateurs potentiels.
1° Il
faut éviter de réduire la portée de la base de données
en sélectionnant dès le départ une "liste" de variétés
qu'on y introduirait en fonction des besoins d'une seule
catégorie d'utilisateurs (* voir plus bas "Les listes et
leur utilisation"). Une base de données doit permettre
la création de multiples listes et statistiques ; elle
ne doit pas être le simple "résultat" d'une liste.
2° Chaque
catégorie d'utilisateur doit pouvoir en extraire avec un
minimum de connaissances techniques les informations qui
lui sont nécessaires.
3° La
base de données doit être structurée d'une manière extensible
permettant d'intégrer facilement de nouvelles catégories
de données provenant de différents types d'intervenants.
Le Comité de conservation devra rester en permanence ouvert à ces
nouvelles catégories de données et à des types d'intervenants
non prévus au départ.
4° Il
n'est pas dans le rôle du Comité de conservation de s'établir
lui-même en juge des qualités des variétés inclues dans
sa base. Néanmoins toutes les données concernant l'évaluation
de ces variétés lors de différents tests et concours peuvent
y être utilement intégrées.
5° Le
Comité doit veiller à ce que sa base de données ne soit
pas utilisée d'une manière abusive comme référence dans
quelque matière ou à quelque occasion que ce soit. Il doit établir
une clause de non responsabilité dans l'usage qui peut être
fait des données collectées par les divers utilisateurs.
6° L'utilisation
de la base de données peut être payante afin de l'aider à rentrer
dans ses frais et à devenir indépendante.
7° Pour
maintenir cette indépendance également, il faut éviter
de faire appel à du sponsoring de sociétés privées concernées
par le commerce de la rose.
8° Il
faut maintenir le coût d'utilisation au niveau le plus
bas possible pour qu'il ne devienne pas un élément de ségrégation
parmi les utilisateurs ou catégories d'utilisateurs. Des
adaptations régionales du coût pourraient être envisagées
ne fut-ce que pour une période limitée (discrimination
positive).
9° Il
faut encourager le recensement des collections et la récolte
de données aux échelons nationaux et régionaux et prendre
en considération toute initiative ou idée locale qui pourrait
aider à améliorer la gestion globale.
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Considérations
plus techniques
Un répertoire
d'ADN lié à la base de données serait très utile pour :
- préparer
l'intégration dans sa structure de l'évolution des génotypes
en culture ; des sports affectant des caractéristiques
morphologiques (dimensions, couleurs, etc.) ou physiologiques
(adaptation à des conditions locales, résistance aux maladies,
etc.) Ce répertoire pourrait permettre d'améliorer la traçabilité des
sports, qu'ils soient intéressants ou indésirables ;
- permettre
l'étude de solutions
performantes et peu coûteuses de gestion de la propriété intellectuelle.
L'utilité des
collections de variétés in-vitro est également à étudier.
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B° Les
listes et leur utilisation
Sans
s'ériger en juge des qualités des variétés, le Comité de
conservation doit se prononcer sur les mécanismes légaux,
administratifs et commerciaux existants ou à venir susceptibles
de diminuer la biodiversité des roses cultivées ou de
décourager la création de biodiversité. À titre d'exemple,
l'utilisation de certaines listes dans des buts louables
de rationalisation a parfois des effets secondaires particulièrement
néfastes.
Recommandations
I° que
le Comité de conservation encourage la WFRS à s'opposer à la
constitution d'une liste restreignant ou interdisant la
commercialisation de certaines roses (dont par exemple
les roses qui n'auraient pas été enregistrées préalablement).
Cela bien que nous reconnaissons l'utilité de listes consultatives
qui pourraient être développées au départ de la base de
données du Comité de conservation ;
II° qu'aucune
liste (en particulier restrictive) constituée ou non au
départ de notre base de données ne soit intégrée au corps
du texte d'une loi, d'une convention internationale ou
de tout autre document pouvant avoir une portée analogue
tant au niveau local qu'au niveau global. Afin de pouvoir
corriger plus aisément tous effets indésirables, ces listes éventuelles
doivent se trouver en annexe des documents en question
;
III° que
les instances locales, nationales ou régionales de la WFRS
soient toujours impliquées dans la constitution de listes
qui peuvent avoir une portée au niveau local ou global.
ivan
louette, mis en ligne le 4 décembre 2004
introduction modifiée le 17 janvier 2005
questions replacées
en tête de texte le 15 février sans modifier le texte
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