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L'évolution du genre Rosa

Les plus anciens restes fossiles attribués à des rosiers datent d'environ 60 millions d'années, et les premiers facilement identifiables d'environ 15 millions d'années, ce qui rend néanmoins ce genre bien plus ancien que l'humain !
Comme celle des autres organismes vivants, l'évolution des roses ne s'est pas faite de manière linéaire. Le fait que les espèces en principe les plus distantes génétiquement de par leur longue séparation dans le temps puissent encore se croiser de nos jours et donner des résultats fertiles montre à quel point une interprétation morphologique des liens de parentés entre sections reste délicate. À la lumière des analyses d'ADN (*), la validité de certains caractères "évolutifs" semble néanmoins se confirmer.
C'est spécialement à ceux de la partie florale que nous allons nous intéresser ci-dessous.

(*Les images qui suivent ont été réalisées pour illustrer la thèse de doctorat en la matière d'un ami chinois, Shuiqin Wu, passée à l'Université de Chiba, Japon).

L'ancêtre des Rosa, proche du fraisier ...
Ou bien de la potentille
Hesperhodos, un "fossile vivant" ?
Les plus Rosa(e) des Rosa
Les roses de Caroline, stade intermédiaire ou hybrides plus récent ?
Rosiers de Chine et rosiers des chiens
La colonne des Synstylae, évolution ultime ?


L'ancêtre des Rosa, proche du fraisier ...

On suppose que la fleur de l'ancêtre des Rosa se présentait comme celle de la potentille ou du fraisier. Le réceptacle étant surmonté d'un petit monticule appelé "torus" portant de nombreux akènes nus et totalement dégagés. Il n'est pas certain que le réceptacle était charnu (comme représenté ici).
À ce stade d'évolution, la fleur est dite hypogyne, ce qui signifie que le périanthe ou enveloppe florale (formé par les sépales et pétales) et les étamines sont insérés plus bas que les ovaires (devenus ici les akènes).



Ou bien de la potentille

Cette figure représente une hypothèse du stade intermédiaire entre le premier ancêtre et les roses actuellement existantes qui possèdent les caractères les plus primitifs. Ici le bord du réceptacle qui supporte sépales, pétales et étamines se soulève et entoure les akènes, sans les englober et les protéger totalement toutefois. Certains Potentilla se rapprochent de cette forme particulière de réceptacle.
D'hypogyne au départ, la fleur est devenue périgyne, le périanthe et les étamines étant situés désormais plus haut que l'insertion des ovaires en raison du creusement du réceptacle.
Il faut noter que chez les Rosa les ovaires sont toujours considérés comme supères car n'étant fixés au réceptacle que par leur base.



Hesperhodos, un "fossile vivant" ?

Chez les Hesperhodos (sud-ouest de l'Amérique du nord), le goupe connu actuellement présentant les caractères les plus primitifs, le torus est toujours bien présent. Le bord du réceptacle, lui, est situé à hauteur des stigmates. Ceux-ci, densément groupés obturent partiellement l'orifice restant de ce qui ressemble déjà beaucoup plus aux réceptacles des autres rosiers actuels. Chez les Hesperhodos, au cours du développement du fruit, les sépales se referment et deviennent à leur tour charnus comme la parroi du réceptacle, ce qui constitue une alternative au disque des vrais Rosa pour confiner les akènes.
Les Hulthemia et les Platyrhodon sont généralement placés à proximité des Hesperhodos dans les théories évolutives du genre Rosa.



Les plus Rosa(e) des Rosa

Chez les Cinnamomeae (tout l'hémisphère nord avec une plus grande concentration dans les zones tempérées à froides ou en altitude), non seulement le torus est absent, mais les akènes sont supportés également par la paroi verticale du réceptacle. L'orifice supérieur du réceptacle (celui-ci, creusé et partiellement obturé est désormais appelé hypanthe, ce dernier devenant le cynorrhodon à maturité) est rétréci par un bourrelet qui fait ressembler son sommet à une sorte de couvercle percé d'un trou appelé "disque". Ces caractéristiques sont présentes chez la plupart des espèces actuelles du genre Rosa.
Les Pimpinellifoliae (Eurasie), les Sericeae et les Gymnocarpae sont considérées comme proches des Cinnamomeae dans l'évolution, de même que les Bracteatae (Inde, sud-est asiatique, Chine), les Laevigatae (Chine, sud-est asiatique) et les Banksianae (Chine). Les deux dernières étaient cependant placées autrefois à proximité des Chinenses et des Synstylae.



Les roses de Caroline, stade intermédiaire ou hybrides plus récent ?

Chez les Carolinae (est et centre de l'Amérique du nord), le torus est présent mais peu prononcé et les akènes sont implantés le plus souvent à la base du réceptacle. Bien que relativement large, l'orifice du disque ne l'est pas autant que chez les Hesperhodos.
Les variations de ce groupe le placent entre les Hesperhodos et les Cinnamomeae, mais on ne sait pas encore s'il s'agit là d'un stade évolutif intermédiaire ou du résultat d'hybridations entre les deux.



Rosiers de Chine et rosiers des chiens

Les Chinenses (Chine, sud-est asiatique) ont un disque développé avec un orifice relativement étroit, et leurs akènes sont supportés par la paroi du réceptacle. Leurs pistils se prolongent loin au delà de l'orifice du disque, les stigmates étant situés pratiquement à la hauteur des anthères.
Les Caninae (Europe, Proche-Orient, Asie Mineure) présentent le plus souvent des caractéristiques analogues mais peuvent partager des caractères avec d'autres groupes. Elles forment en fait un groupe récent issu d'hybridations entre une lignée aux caractéristiques génétiques particulières et ces différentes groupes ou leurs anciennes formes. C'est ainsi qu'on peut retrouver chez elles par exemple des stigmates portés plus ou moins haut, un orifice du disque plus ou moins large, différentes formes de cynorrhodons, etc. Cela en plus bien sûr des caractéristiques de croissance variées de cette section.



La colonne des Synstylae, évolution ultime ?

Chez les Synstylae (toute la moitié sud de l'aire de répartition du genre Rosa, sauf ouest de l'Amérique du nord; c'est le groupe qu'on retrouve le plus au sud avec R. abyssinica), le disque et son orifice sont devenus très étroits et les stigmates sont portés bien plus haut encore que chez les Chinenses, tandis que les styles qui les portent sont agglutinés en une sorte de colonne (ils ne sont pas vraiment soudés cependant). Une forte proéminence des organes femelles les expose à une fécondation par du pollen transporté par le vent en plus de la fécondation classique des Rosa par les insectes.
Les Gallicanae (sud de l'Europe, Asie Mineure) possèdent de nombreux points communs avec les Synstylae.
Petit rappel, les ovaires sont ici toujours supères et la fleur est toujours périgyne alors qu'au début de l'évolution des Rosa on pense qu'elle devait être hypogyne.


ivan louette, mis en ligne le 1er février 2005
mis à jour le 2 mars 2005.

 

© ivan louette et Commune de Chaumont-Gistoux, 2005.
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