Le
rosier multiflore de Chine
Rosa multiflora var. cathayensis,
un important ancêtre mal connu
Au
moment de rédiger l'article
sur la var. carnea je n'avais pas encore eu en mains
les herbiers types de la var. cathayensis. Or,
sa prétendue relation avec le Rosa multiflora
var. Carnea de Redouté et Thory imposaient
de l'inclure dans la recherche sur l'origine de cette variété.
Cette lacune a été comblée depuis,
ce qui m'a permis de mieux comprendre la cohérence
de son placement par Rehder et Wilson au rang de variété de R.
multiflora.
English
summary
Importance
de l'espèce dans l'histoire des roses cultivées
Matériel
examiné
Différences observées par
rapport au multiflora japonais
Conclusion
Remerciements
Importance de l'espèce dans l'histoire des roses cultivées
Le seul
fait d'avoir fort probablement joué un rôle
dans la parenté de Rosa
chinensis jacq. donne
déjà à R. multiflora var. cathayensis un
rôle central dans l'origine de la plupart des roses
de nos jardins, mais là n'est pas sa seule influence
:
- Via R.
chinensis, il a introduit ses gènes dans
les ancêtres des rosiers Bourbon et les a mêlés à ceux
des roses d'Europe et du proche-orient bien avant l'avènement
de l'hybridation des roses en occident, fin XVIIIe,
début XIXe siècle (*).
- Consécutivement à cela
ou non, ses gènes se sont retrouvés plus
tard dans les rosiers Noisette, les Thé-Noisette,
les Boursaults, les Hybrides remontants, certains hybrides
de R. sempervirens de Jacques, etc ...
- On
retrouve par ailleurs probablement leur influence dans
'De la Grifferaie' et Rosa indica 'Major', deux
variétés autrefois très utilisées
comme porte-greffes.
(*
des variétés persanes moins connues comme
R. godefroyae Carrière ainsi
que le R. Guli Reschti Pers. décrit
par Christ dans le Supplément à la Flora
Orientalis de Boissier ou encore le R.
byzantina Dieck trouvé en
Bulgarie vers 1880 témoignent peut-être
d'une influence tout aussi ancienne de la var. cathayensis
ou d'une autre
rose chinoise proche).
Matériel
examiné
R.
multiflora var. cathayensis Rehder & E. H. Wilson.
Plantae Wilsonianae, 2: 304, 1915
- les
trois planches d'herbier du type, N° 616 de E.
H. Wilson de l'Arnold Arboretum (China, Hubei, dec.
1907 (32878); China, Hubei, Hsing-shan Hsien, 1-3000 feet,
dec 1907 (32725); China, Hubei, Hsing-shan Hsien, 1-3000
feet, 5 may 1907 (32724), celui
qui figure sur les photos)
- un plant
vivant cultivée à la roseraie , reçu sous cette appellation
du Jardin botanique national (BR) et qui correspond morphologiquement au type.
R.
multiflora Thunberg, Flora Iaponica, 214-215, 1784
- un
spécimen d'herbier de R. multiflora provenant de
la nature au Japon et que les responsables de l'herbier
de l'Arnold arboretum ont eu la sympathique et très
utile initiative d'envoyer en même temps que le type
de cathayensis comme matériel pour faciliter la
comparaison.
- des plants cultivés à la roseraie, reçus au Jardin
botanique du Sart-Tilman, à Liège et obtenus à partir
de graines récoltées dans la nature aux environs de Nagasaki
(région d'origine du type
de R. multiflora Thunb.).
Différences
observées par rapport au multiflora japonais
- croissance
plus souple et plus sarmenteuse (plus arbustive, ramifiée
et dense au départ chez le R. multiflora japonais);
- fleurs de 1 1/2 à 2 fois plus grandes et au bouton naturellement teinté de
rose (le plus souvent blanc chez le R. multiflora japonais);
- fruits également environ 2 fois plus gros, à base plus atténuée
(donc plus pyriformes), mûrissant plus tard sous un même climat,
orangés à maturité (rouges chez le R. multiflora japonais);
- pédicelles nettement plus longs et plus grêles (bien que rigides)
par rapport à la longueur du bouton (le pédicelle est court et
légèrement dilaté à la base chez le R. multiflora japonais)
;
- inflorescences plus étalées horizontalement en raison d'un
axe central plus flexueux et de pédoncules secondaires plus courts proportionnellement
aux pédicelles (l'angle entre l'axe principal de l'inflorescence et
une droite reliant sa fleur terminale à sa fleur la plus extérieure
est beaucoup plus ouvert que chez le R. multiflora japonais).
Conclusion
L'hypothèse
d'un lien de parenté entre la var. cathayensis et
la var. carnea semble de plus en plus fragile.
Par contre R.
beauvaisii Cardot ,
qui possède le même
type d'inflorescence et de croissance que la var. cathayensis et
des dimensions très analogues pourrait avoir pour
origine un croisement entre la var. cathayensis et
une rose velue du sud de la Chine du groupe de R.
tunquinensis Crépin
tandis que la var.
carnea pourrait plutôt résulter d'un
croisement entre l'une de ces roses velues et l'une ou
l'autre des roses qui suivent (et plus particulièrement
celles à petites fleurs).
Les roses
du groupe des multiflores récoltées au Yunnan
par Forrest et Maire et
examinées pour les besoins de l'article précédent,
si elles semblent relativement proches de la var. cathayensis en
diffèrent par une tendance aux folioles souvent
plus petites, elliptiques, presque en losanges, au limbe à tendance
glauque, aiguillons souvent de teinte claire, tiges ocrées à rougeâtres
(les stipules et rachis sont également souvent rouges).
Certaines formes possèdent des fleurs particulièrement
petites réunies en inflorescences compactes et très
glanduleuses. Il faut aussi distinguer la pubescence assez
fréquente sous les folioles des roses de l'ensemble
du groupe et la forme linéaire des appendices de
leurs sépales (points souvent communs avec la var.
cathayensis) de l'aspect carrément tomenteux
sur les deux faces des folioles et toutes les parties des
inflorescences, ainsi que de la forme elliptique des appendices
des sépales des roses du groupe de tunquinensis-beauvaisii,
ces dernières possédant souvent des sépales
munis d'une terminaison également elliptique.
Dans
la récente Flora
of China, un certain nombre d'espèces velues
rapprochées de R. multiflora pourraient être
apparentées à la var. carnea (ne
serait-elle pas l'une d'entre elles, d'ailleurs?) Un travail
d'investigation dans d'anciens herbiers tels que ceux du
Muséum de Paris ou l'herbier Crépin invaliderait
peut-être certaines de ces espèces et en tous
cas permettrait sans doute d'établir des synonymies
qui unifieraient quelque peu une information qui demeure étonnamment
fragmentée à notre époque de bases
de données informatisées ...! Voir à R.
kunmingensis, R.
daishanensis, R.
langyashanica, R.
kwangtungensis, var.
mollis, var.
plena.
Remerciements
- Mes
remerciements chaleureux vont à MM. Donald H. Pfister,
directeur et David E. Boufford, directeur assistant pour
les collections des herbiers de l'Arnold Arboretum, de
l'Université Harvard (http://www.huh.harvard.edu/)
qui ont autorisé le prêt des précieux
types de R. multiflora var. cathayensis ainsi que d'autres
spécimens demandés et y ont ajouté de
leur propre initiative du matériel de comparaison
très intéressant.
- Par ailleurs, je remercie de tout coeur également Elmar Robbrecht
, Chef du département des plantes vasculaires et responsable des herbiers
du jardin botanique national de Belgique (http://www.br.fgov.be/)
qui a rendu possible les différents emprunts de matériel destinés à ces études
et à hébergé ces recherches.
- Nicole Hanquart et Patrick Rombout, de la bibliothèque du Jardin botanique
national de Belgique également doivent être remerciés (pour
cette fois et toutes celles qui ont précédé) pour leur
gentillesse et leur patience !!!
ivan
louette, mis en ligne le 1er décembre 2004
modifié le 2 mars 2005
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